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My never-ending Love Affair

16 février 2007

Il était une fois...

On dirait que tu serais un grand explorateur, on pourrait t'appeler Christophe
Colomb, et moi, je serais ta femme, enfin, une de tes femmes, et de toute façon,
c'est juste une histoire que je raconte, d'ailleurs, je vais dire ta maîtresse
(en même temps, quelques étreintes en... 20 ans... pfff... font-elles une
maîtresse ? on va dire que oui pour les besoins de l'histoire)...

Donc, il était une fois Christophe Colomb qui rentre d'une expédition qui l'a
éloigné de cette femme-là, pendant des années. Il a fait le tour du monde quand
même.
Ils se retrouvent avec émotion et bonheur, même si le temps passe, ils se voient
encore comme au début, il y a un lien inexplicable et inaliénable entre eux.
Christophe raconte un peu de son voyage, des pays, des tempêtes, des moments de
doute et de solitude, des découvertes... tandis qu'émerveillée, elle l'écoute
avec admiration et plaisir, elle rit parce qu'en plus il est très drôle.

Il a l'élégance de ne pas lui parle pas bien sûr des corps qu'il a conquis aussi sur sa route, plus
jeunes, plus beaux, plus audacieux... Elle les devine, elle fait semblant de
croire, du moins juste là maintenant, qu'elle est dans sa vie la seule femme qui compte
vraiment, au moins l'une de celles qui ont une importance. Elle le sait, homme
parcourant le monde, il a exploré aussi maints et maints pays féminins. Et puis,
en ces 20 ans d'adoration muette et patiente, elle a compris depuis longtemps,
voire depuis le début, qu'elle ne retiendrait guère son Christophe que quelques
moments parmi des années et des années, qu'il ne lui prometterait jamais rien,
ne lui donnerait jamais rien, si ce n'est un peu de son attention une fois de
temps en temps, il n'est pas des hommes qu'on retient, alors elle a fait sa vie,
ou essayé... Parce que la vie est ainsi faite.

Mais maintenant, plus rien d'autre ne compte : Christophe est là pour elle, et
elle pour lui.
Bientôt, leurs mains se cherchent, leurs bouches, leurs corps tout entiers...

Et puis, hélàs, mais c'est la vie, vient le moment où Christophe doit repartir,
c'est un peu son métier de reprendre la mer. Elle le savait bien. Elle en est
triste, bien sûr, elle rêverait qu'un jour il lui dise qu'il reste à terre avec
elle, au moins un peu plus longtemps, mais elle n'y croit pas. Il est un peu
désolé de lui faire de la peine, mais il est homme et l'appel du large est plus
fort, bien sûr. Il doit explorer le monde, il a ça dans le sang, Christophe.
Et pour que les adieux ne soient pas tristes, parce qu'il ne sait pas quand il
reviendra, peut-être bientôt, sans doute dans longtemps, ou même s'il reviendra (ou
veut-il s'éviter le spectacle de son chagrin)... il a appris au fil des années à
adoucir son départ, il a fini par avoir une tendresse pour l'amour de cette
femme. Alors il lui dit combien il tient à elle et qu'il ne l'oublie pas, même
au bout du monde. Et elle fait semblant de le croire, elle le croit un peu, d'ailleurs il y a une
sincérité en lui, quand même, finalement il est encore revenu... Elle lui
souhaite bon voyage, et attendra son retour, s'il revient, les mers ne sont pas
sûres...

Il n'y a pas de téléphone, ni d'internet en ce temps-là, même le
courrier n'est pas fiable du tout, les lettres mettent des mois à parvenir à
destination. Mais ils s'écriront, de loin en loin.

Le bateau s'éloigne, alors elle peut libérer ses larmes qu'elle a eu du mal à
contenir quand il l'a serrée une dernière fois dans ses bras, peut-être même
ont-elles déjà coulé. Elles sont mêlées de la fatigue de leurs jours et nuits
d'amour, du plaisir qu'ils ont partagé, du bonheur de l'avoir revu, du chagrin
d'être laissée, de l'absurdité de la vie, du désespoir du temps qui passe...
Mais cette femme garde comme un trésor ces jours qui leur ont été donnés. Elle
espère qu'il part avec un trésor semblable.

Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou ayant vécu serait bien sûr
totalement fortuite (pour ne pas dire absolument invraisemblable).

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10 février 2007

Anticipation

Elle a commencé par ne pas très bien reconnaître sa voix au téléphone l'autre jour... (elle devient vraiement de plus en plus sourde)... et puis quand il a répété son prénom qu'elle a bien entendu cette fois, Thomas, son coeur a frémi... Quelle drôle d'histoire... après toutes ces années... elle a toujours une telle émotion à écouter sa voix, à le voir... dire qu'ils ne se sont jamais complètement perdus de vue !... Le désir l'un de l'autre s'est gravé pour toujours dans leurs corps et leurs coeurs. Auparavant, ils se voyaient de loin en loin pour faire l'amour ensemble, maintenant ils se retrouvent pour boire un thé ! Ainsi va la vie... Elle n'a jamais vraiment compris ce qui la tenait à cet homme, mais elle a accepté et chéri ce lien, car ils sont bel et bien liés l'un à l'autre, d'une certaine manière, malgré le temps, leurs vies séparées, les chagrins qu'il lui a causés... Il faut dire qu'il a été parfois très cruel avec elle, alternant attention et tendresse, avec indifférence et même méchanceté. Et puis au fil du temps, il a fini par devenir plus gentil... Et puis voilà, dans un sens, leur histoire dure depuis plus de 60 ans ! Comme le temps passe... Et il en aura fallu des années et des années, mais le désir qui les brûlait s'est laissé remplacer par une chaste tendresse, une amitié douce et sereine. Elle a été acheter un thé parfumé chez Mariages et des macarons chez Ladurée, elle veut lui faire plaisir. Il leur reste la gourmandise... Elle a pris un bus, parce que c'est un peu loin, et cela fait quelque temps qu'elle évite de s'aventurer trop loin de chez elle. Elle a de plus en plus de mal à marcher maintenant, elle sort toujours avec une canne, surtout depuis qu'elle est tombée l'hiver dernier, elle est vite fatiguée. Mais il est vrai qu'à bientôt 83 ans, c'est un peu normal d'être lasse ! Elle s'est faite belle pour lui, enfin belle, pas comme le sont les jeunes femmes d'aujourd'hui, mais comme peut l'être une grand-mère. Disons qu'elle a arrangé ses cheveux, ils sont blancs, elle les a ramassés dans un chignon un peu ébouriffé, comme elle le faisait plus jeune, cela lui va bien toujours. Elle s'est donné bonne mine, elle a mis un peu de mascara. Elle a renoncé désormais à masquer les rides qu'ont laissé les sourires, les rires, larmes et les chagrin. Elles parcourent son visage parcheminé. Elle a l'air d'une vieille grand-mère. Elle l'attend, calée dans son fauteuil avec des coussins, un livre posé sur ses genoux, mais elle ne l'a même pas ouvert, ses yeux se fatiguent de toute façon si elle lit trop. Elle est perdue dans ses souvenirs avec lui. Elle sourit à leur inconvenance dans sa mémoire de vieille dame qu'elle est désormais. Si ses petits-enfants savaient... Elle sourit encore. La théière embaume, les macarons sont disposés sur la table à côté de deux tasses. Il est en retard, il est souvent en retard, elle a passé sa vie à l'attendre... Bientôt, il sonnera à sa porte, son coeur fatigué fera quand même un bond, elle ira à petits pas lui ouvrir la porte, elle sera émue de le voir, presque comme autrefois. Il a les cheveux tout blancs et lui aussi marche avec difficultés... Mais quand il s'approchera pour lui déposer un baiser, pendant un instant furtif, les années s'envoleront pour eux deux et ils se souviendront avec une nostalgie attendrie du temps où leurs corps s'embrasaient.
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